Aimer, ça s'apprend

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Arouna Lipschitz 





Les opportunités réelles de grandir...
"Développer l'envie d'avoir envie, ça s'apprend"
la confiance multidirectionnelle serait-elle au coeur des vraies relations ?
la confiance dans la durée, et le souhait sincère d'apporter le meilleur de soi-même, tout en s'améliorant et en s'adaptant...
Peut-être un des plus beaux défis qu'il nous soit donné...Qui sait ?
Et, après tout, toute relation positive comporte les mêmes ingrédients.


Personnellement, j'en suis convaincu. 
Au-delà de nos croyances 
(qui nous confortent dans notre vision d'une réalité que nous avons construite en écho avec notre histoire personnelle), 
un défi de taille nous attend sur le chemin...
un défi auquel nous ne pouvons échapper : être prêt à abandonner nos schèmes illusoires pour s'engager dans la simplicité d'une relation à l'autre...
ou, tout simplement, dans la relation aux autres


la confiance en soi-même, et dans un autre que soi aussi, 
permet au meilleur d'éclore avec le temps.
Que ce soit dans notre famille, avec les relations de travail, les connaissances et amis, partout !


"Aimer, ça s'apprend !"




Hommes au bois dormant (Par Jacqueline Kelen)


Source de l'article : http://www.cles.com/dossiers-thematiques/psychologies/vous-avez-dit-tendresse/article/hommes-au-bois-dormant


Jacqueline Kelen dévoile l’absence d’amour vrai qui régit les rapports hommes-femmes.






(...)Elle n’a rien à perdre, cette femme, car elle est la nomade, la passante, et de la vie ne retient que les mutations et les résurrections. Mais parfois la tristesse lui vient : jusqu’à quand l’amour sera-t-il ainsi profané, ridiculisé ? Jusqu’à quand les hommes vont-ils faire du corps une marchandise et un objet, de la sexualité une théorie qui ne guérit rien, et de l’amour une chanson bêtifiante bonne pour les magazines féminins ? Jusqu’à quand les êtres humains vont-ils persister à se mépriser ainsi, au lieu de voir la lumière dont ils sont porteurs ? Au troisième millénaire, on continue de se comporter selon des schémas préhistoriques (la force, la loi de la jungle... ) ou des conventions morales et sociales qui sentent le XIXe siècle bourgeois. Et depuis qu’en Occident on a inventé l’amour courtois, au XIIe siècle, qu’on s’est empressé d’oublier car l’idéalisme comme l’amour sont exigeants - on patauge dans un remugle d’idées toutes faites, de facilités désolantes de conformisme, et de pulsions plus ou moins digérées et assumées. Jamais on n’a tant parlé de sexe, jamais on n’a vu autant de corps nus s’étaler sur les affiches, et jamais l’amour ne s’est aussi mal porté !Ce n’est plus Jean dit le Baptiste qui aujourd’hui crie dans le désert et tente de frayer de nouvelles voies, c’est une femme assurément, la femme de toujours, la femme du commencement, libre et puissante, généreuse, et par là même faisant peur à tous ceux qui ne savent que prendre, posséder, et ’de l’amour ne connaissent que la sécurité ou la violence.




La pornographie, le Minitel rose et leurs tristes clients montrent à quel point l’amour fait peur et le corps de la femme aussi : on tâche alors de les réduire, de les mettre en codes, de faire d’eux une "fonction", une "technique", et de faire taire en eux ce qui crie l’éternel.




Si l’amour fait si peur, c’est en particulier qu’il requiert le Iâcher-prise, l’abandon de soi, la confiance éblouie, absolue : au regard d’une société matérialiste il ne peut être considéré comme une "valeur sûre". Et puis, il a l’horrible défaut d’être là, d’être donné et, pour une société marchande, le gratuit est intolérable. Et comme par nature (par énergie ), il est immense et excessif, comme il déborde les fragments d’existence que nous représentons, on cherche à piétiner ce qui nous dépasse ou on fuit à toute allure de peur que le cher-petit-moi ne soit pris de vertige.




Signe des temps : lorsqu’il s’agit de s’engager, de témoigner, de parler d’amour ou pour l’amour, les hommes étrangement se taisent, et on demande aux femmes d’entonner leur chant passionné ou insolent, d’aller dans l’arène, ou de dire tout haut ce que tant d’autres n’ont même pas le courage de ressentir.


A quoi bon répéter que l’énergie sexuelle peut être une force rayonnante, que le corps est infiniment admirable et respectable comme lieu d’épiphanie et de réalisation, ou que l’amour humain est initiateur, à quoi bon répéter cela si personne n’écoute parmi les tièdes spectateurs, ou si personne ne se met en route, décidé à se transformer ? ...


Je connais trop les pièges de la parole, trop la satisfaction des intellectuels qui croient avoir résolu un problème parce qu’ils ont fait un colloque sur ce thème, je me méfie trop des théories et des concepts, pour y laisser emprisonner la vie, l’amour. Au fond, il est juste que l’amour échappe à ceux qui ne vivent ni dans leur corps ni dans le présent ni dans le silence.




Comme femme passionnée, et toujours bonne pour aller dans l’arène ou pour crier dans le désert, j’ai l’impression de vivre dans un monde de pIeutres, de lâches et d’impuissants. Ingmar Bergman faisait dire à un de ses personnages de film que "nous sommes des analphabètes du sentiment", on peut aussi ajouter que nous sommes dans l’ensemble des impuissants du coeur ou des fonctionnaires de l’amour. J’entends beaucoup de personnes, de tous milieux et de tous ages, déclarer qu’on ne les écoute pas, qu’on ne les aime pas, qu’on ne les aide pas, mais leur vient-il à l’idée (au coeur) qu’elles-mêmes peuvent aider, écouter, aimer ? Il y a foule de plaintifs, se disant "mal-aimés", mais il y a surtout pléthore de "mal-aimants".


Je n’ai pas envie de faire une fois de plus l’éloge du féminin ou de faire rêver sur les figures d’initiatrices que furent Marie-Magdeleine, IsIs, Sché- hérazade ou la Reine de Saba. Il me parait plus important, et maintenant urgent, de susciter une parole, un témoignage, une sensibilité du côté des hommes : comment vivent-ils, eux, la nécessaire mutation et s’ils ont soif de bouger, d’inventer, de créer - non plus dans la technique, la mécanique, mais dans la vie intérieure et dans l’amour ?




Qui a imaginé le conte de La Belle au bois dormant, de la jeune fille passive attendant que le courageux prince la réveille ? Dans nombre de traditions, c’est la femme (le principe féminin) qui anime, éveille, réveille ; c’est la femme (Reine) qui va au-devant de l’homme, qui va le tenter, le séduire, le dérouter, lui faire perdre tête, ou le ressusciter. Notre époque actuelle est celle de l’homme au bois dormant, de l’homme qui attend, qui n’ose pas un geste, ou dont les sentiments sont pris en glace. Sur un plan très extérieur, mais révélateur, les hommes ne "draguent" plus, ne sifflent plus sur une femme qui passe : comment dès lors espérer qu’ils pourront courtiser, conquérir à la manière du chevalier, du troubadour ?


Comment seront-ils capables de dire à une femme "je t’aime" si déjà l’apparence féminine les glace à ce point ?


L’homme au bois dormant se recroqueville, et je crains qu’il n’attende même pas une Belle : il préfère jouer au Minitel, feuilleter des revues érotiques. Ça n’engage pas, on en reste aux fantasmes, au désir d’un jour, tout ça est bien propre, bien ordonné, bien tranquille.




Tandis que l’amour, quelle force bouleversante, quelle folie, et quelle exigeance surtout !
Une exigeance de transformation, de maturité, de liberté. Je me demande si de nos jours il existe des mythes masculins viables, ou des figures masculines "héroïques" auxquels les hommes pourraient s’identifier. Plus personne ne vibre au mythe d’Héraclès, à peine à ceux de Faust, de Don Juan, de Don Quichotte, de Perceval. Les chevaliers, les fous épris d’idéal, ont-ils tous disparu de la planète ? Va- t-on se contenter des mannequins bronzés qui font de la publicité pour sous-vêtements et autres broutilles ? Faudra-t-il exhumer de sa jungle ce brave Tarzan : cervelle assez étroite, mais fort, courageux, et plutôt viril ? ...


Les héros sont fatigués ou n’osent plus se montrer . Est-ce la faute des féministes agressives, des revanchardes ? Ont-ils trop peur de passer pour "machos", ou simplement d’être des hommes ? Ou sont-ils en perte d’identité et hésitent-ils encore à muter, à se mettre au monde ?


Tout de même, elle a eu de la chance, la Magdeleine : elle a rencontré homme aussi fou qu’elle, et aussi épris d’absolu. Et la petite Reine des sables, qui a voyagé jusqu’à Salomon pour lui poser des énigmes et lui faire oublier sa sagesse ! Isis s’est affrontée à la mort et à Seth, le meurtrier, tandis que Schéhérazade tenait tête à un affreux misogyne, au demeurant Sultan de Badgad, pendant des myriades de nuits.


Tout de même, elles avaient de la chance : elles avaient un homme en face d’elles, un homme à dérouter, à enchanter, à vaincre ou à aimer, un homme qui acceptât ce risque, cette rencontre, d’une nuit ou d’une vie.


Aujourd’hui, la Belle se désole : non parce que le Prince charmant n’arrive pas, mais parce qu’il n’y a même pas à l’horizon un Dragon, un Grand Méchant Loup, un Ogre, bref quelqu’un avec qui faire un brin de conversation. Les uns fuient vers l’action débordante, l’activisme, les autres vers une pseudo-spiritualité qui les rend impalpables et désincarnés (de corps et de coeur), d’autres s’accrochent de toutes leurs forces au pouvoir, à l’ambition sociale, au règne de l’argent, et puis demeure le petit noyau des intellectuels, souvent atteints de logorrhée, qui sont brillants et prennent cela pour la lumière du dedans... Quand comprendront-ils, tous ceux-Ià qui s’agitent loin de l’essentiel ? Quand oseront-ils s’arrêter, se poser, faire silence, et rire aussi ? Quand déposeront-ils leur armure de faux chevalier pour entendre ce que murmure, inlassable, leur coeur ?










Fuite du corps, fuite du coeur : là sont les deux blessures qui empêchent l’être humain d’ETRE et notre planète de verdoyer. La Terre. Gaste est d’abord en nous, mais le Graal aussi. Il suffit parfoIs d’une minute de véritable attention, de véritable soif, pour que le Roi blessé cesse de geindre et se mette debout, en marche."




À lire : Les sept visages de Marie-Madeleine, J. Kelen, éd du Relié.






La figure de Marie-Madeleine ne laisse personne indifférent mais elle demeure insaisissable. Chacun, chrétien ou non, privilégie d’elle une image : la courtisane, la désolée, l’ermite, la sainte, l’extatique... Là où les exégètes veulent discerner trois personnes distinctes - la pécheresse de la ville, Marie de Magdala, Marie de Béthanie - , les Gnostiques des premiers siècles ne retiennent que la femme éveillée et la préférée de Jésus. Marie-Madeleine vagabonde entre histoire et légende. Elle ne cesse, à travers les siècles d’inspirer artistes, écrivains, bâtisseurs et religieux qui rendent hommage à la femme dévorée d’amour et de douleur à qui le Christ aurait choisi de se montrer en premier au matin de Pâques.

Parmi les ouvrages récents publiés par Jacqueline Kelen, citons :

L’esprit de solitude, Du sommeil et autres joies déraisonnables, Divine blessure....,
tous parus chez Albin Michel.

Marc de Smedt




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