Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes
sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de
rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La
vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de
t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les
choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments
décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie
soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton
labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En
t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans
regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la
liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans
égarement.
Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre
union.
René Char (Le Marteau sans maître, 1934)
Biographie
René Char est né le 14 juin 1907 à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le
Vaucluse.
En 1929 René Char adhère au mouvement surréaliste. René Char a
22 ans, la plupart des autres poètes: Aragon, Eluard, Breton sont âgés d'environ
trente ans.
"J'étais un révolté et je cherchais des frères: j'étais seul à
l'Isle, sauf l'amitié de Francis Curel qui avait l'imagination nocturne." Sa
profession de foi du sujet débute ainsi : ... "Je touche enfin à cette
liberté entrevue, combien impérieusement, sur le déclin d'une adolescence en
haillons et fort peu méritoire...". Mais ce n'est qu'un passage pendant
lequel il signera quelques tracts et un recueil en commun avec Eluard et Breton
en 1930, "Ralentir travaux".
En 1934, il reprend son indépendance. Son
oeuvre devient celle d'un solitaire ne souffrant aucune compromission.
Elle
témoigne de son insoumission devant les agressions du monde.
Char est un homme
d'action, le devenir du monde l'importe au plus haut. En 1937, il dédie son
Placard pour un chemin des écoliers aux "enfants d'Espagne".
Démobilisé en 1940,
il entre presque aussitôt dans la Résistance sous le nom de guerre d'Alexandre.
Il écrit son journal, chronique de la résistance, qui sera publié sous le nom
les Feuillets d'Hypnos (1946). En 1948, le danger de pollution de la nature lui
inspire une pièce, le Soleil des eaux. En 1965, il mène campagne contre
l'implantation de fusées nucléaires sur le plateau d'Albion.
La poésie
de Char puise sans cesse dans le réel et dans la terre. Il est enraciné dans son
pays natal et s'inspire abondamment de la Provence, de ses pierres, sa flore et
sa faune. Mais ce côté bucolique n'est que l'apparence d'une recherche toujours
plus rigoureuse de son état d'homme "Cet élan absurde du corps et de l'âme,
ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c'est bien
là la vie d'un homme! On ne peut pas, au sortir de l'enfance, indéfiniment
étrangler son prochain".
René Char meurt d'une crise cardiaque le 19
février 1988. En mai de la même année, paraîtra un recueil posthume " L'éloge
d'une soupçonnée".
***
Bibliographie
Le Marteau sans maître, 1934
Placard pour un chemin des écoliers,
1937
Dehors la nuit est gouvernée, 1938
Feuillets d'Hypnos, 1946
Fureur
et mystère, 1948
la Parole en archipel, 1962
la Nuit talismanique, 1972
Chants de la Balandrane, 1977
Tous ses écrits ont été réunis aux éditions de La Pléiade
Source : http://www.pierdelune.com/char.htm
René Char (Le Marteau sans maître, 1934)
Biographie
René Char est né le 14 juin 1907 à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le
Vaucluse.
En 1929 René Char adhère au mouvement surréaliste. René Char a
22 ans, la plupart des autres poètes: Aragon, Eluard, Breton sont âgés d'environ
trente ans.
"J'étais un révolté et je cherchais des frères: j'étais seul à
l'Isle, sauf l'amitié de Francis Curel qui avait l'imagination nocturne." Sa
profession de foi du sujet débute ainsi : ... "Je touche enfin à cette
liberté entrevue, combien impérieusement, sur le déclin d'une adolescence en
haillons et fort peu méritoire...". Mais ce n'est qu'un passage pendant
lequel il signera quelques tracts et un recueil en commun avec Eluard et Breton
en 1930, "Ralentir travaux".
En 1934, il reprend son indépendance. Son
oeuvre devient celle d'un solitaire ne souffrant aucune compromission.
Elle témoigne de son insoumission devant les agressions du monde.
Char est un homme d'action, le devenir du monde l'importe au plus haut. En 1937, il dédie son Placard pour un chemin des écoliers aux "enfants d'Espagne".
Démobilisé en 1940,
il entre presque aussitôt dans la Résistance sous le nom de guerre d'Alexandre.
Il écrit son journal, chronique de la résistance, qui sera publié sous le nom
les Feuillets d'Hypnos (1946). En 1948, le danger de pollution de la nature lui
inspire une pièce, le Soleil des eaux. En 1965, il mène campagne contre
l'implantation de fusées nucléaires sur le plateau d'Albion.
La poésie
de Char puise sans cesse dans le réel et dans la terre. Il est enraciné dans son
pays natal et s'inspire abondamment de la Provence, de ses pierres, sa flore et
sa faune. Mais ce côté bucolique n'est que l'apparence d'une recherche toujours
plus rigoureuse de son état d'homme "Cet élan absurde du corps et de l'âme,
ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c'est bien
là la vie d'un homme! On ne peut pas, au sortir de l'enfance, indéfiniment
étrangler son prochain".
René Char meurt d'une crise cardiaque le 19
février 1988. En mai de la même année, paraîtra un recueil posthume " L'éloge
d'une soupçonnée".
***Bibliographie
Le Marteau sans maître, 1934
Placard pour un chemin des écoliers,
1937
Dehors la nuit est gouvernée, 1938
Feuillets d'Hypnos, 1946
Fureur
et mystère, 1948
la Parole en archipel, 1962
la Nuit talismanique, 1972
Chants de la Balandrane, 1977
Tous ses écrits ont été réunis aux éditions de La Pléiade
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